Ce qui s’est dit… le 25/05/2014

Les Inrocks accros
à “peut-on vivre
sans smartphone“

Pour les Inrocks, “Ce manuel autoproclamé pour “utilisateurs de téléphones intelligents”, sorti jeudi en librairies, n’en est pas moins une caution intellectuelle pleine d’autodérision pour continuer d’ouvrir vos snapchats à table”. Un article bien complet sur l'ouvrage.

Avec ”Peut-on vivre sans smartphone ?”, Judith Aquien en appelle à Sartre, Levinas et consorts (mais aussi à Joël Collado de Météo France) pour dédramatiser nos comportements d’addicts au smartphone.

 

Attention : n’allez pas offrir ”Peut-on vivre sans smartphone?” à l’un de ces quelques millions de Francais-là, il risque de déjà connaître la réponse… Cela dit, ce manuel autoproclamé pour “utilisateurs de téléphones intelligents”, sorti jeudi en librairies, n’en est pas moins une caution intellectuelle pleine d’autodérision pour continuer d’ouvrir vos snapchats à table. En attendant de vous y plonger, voici quatre astuces de l’auteur pour répondre (avec beaucoup de second degré) à l’éternel: ”Sérieusement, tu veux pas lâcher ton iPhone” ?

• Argument n°1 : “Je trouve que ça me rend très humain”

Nous ne sommes pas des monstres technologiques“, assure Judith Aquien. Si le smartphone est nouveau, les problèmes qu’il pose sont vieux comme le monde. Son usage compulsif est un moyen comme un autre d’assouvir des désirs humains fondamentaux. “Le foodporn, c’est l’envie de partager un repas. Le selfie, celle de séduire” , explique-t-elle. “Quant au texto, il correspond au besoin d’évacuer la solitude“.

• Argument n°2 : “Je ne deviens pas antisocial. J’ai Tinder”

Pour Judith Aquien, le smartphone n’anesthésie pas notre capacité à sociabiliser. Il la modifie seulement : “Lors d’un dîner, si tout le monde poste des selfies sur Instagram, cela devient aussi un moment social”. Quant aux rencontres fortuites, jadis faites au détour d’une rue, elles n’ont pas disparu : elles se sont simplement transposée sur les réseaux sociaux.

• Argument n°3 : “Je ne fais pas de fautes d’orthographe. Je réinvente la langue française”

On vous reproche de ne plus écrire correctement ? Rétorquez que vous êtes l’ambassadeur d’une nouvelle approche du langage. “On n’a jamais autant écrit“, rappelle l’auteure, qui voit dans le texto une simple évolution de nos modalités d’expression : “Utiliser des raccourcis, écrire en abrégé, c’est une nouvelle manière de crypter la langue, et donc de se l’approprier.

• Argument n°4 : “Tout est une question de curseur, de mise en perspective”

L’essentiel, c’est de profiter des avantages du smartphone, tout en sachant détecter le moment où son utilisation devient obsessionnelle. Selon l’auteure, tant que nous continuons à questionner nos usages, tout va bien. Mais ce n’est pas toujours aussi évident. La nomophobie – la peur maladive d’être séparé de son portable – est si répandue que l’année dernière, à Lyon, un centre de traitement a dû ouvrir pour soigner cette pathologie.

Vous voici maintenant le cœur léger

… Et les poches plus lourdes de quelques arguments pour vous défendre avec humour face aux pourfendeurs du smartphone. Les autres arguments, vous les connaîtrez en lisant le bouquin. Sauf si – et Judih Aquien l’écrit elle-même – le livre en question croupit dans votre sac, “car vous avez toujours un message à écrire, un jeu à poursuivre, un like ou un retweet à offrir au bon mot où à la jolie photo d’un de vos camarades…“.

Laura Aronica

Peut-on vivre sans smartphone ?, Judith Aquien, illustrations de Quentin Vijoux, Editions Contrepoint, 109 p., 12,90 euros